Par Patrick Levy

La parapha Vayéra fait de nombreuses fois allusions au rire.

La première fois lorsque l'un des trois anges venu visiter Abraham annonce à Sara l'éminence de sa grossesse: "Sara rit en disant: "après être flétrie, aurai-je ce délice, et mon maitre est vieux".
Hachem reprend et demande pourquoi Sara rit ? Sara conteste en disant: " je n'ai pas ri !". Quel est ce rire qui lui est reproché ?
Il s'agit ici d'un rire de doute, d'incrédulité qui est à opposer au rire d'Abraham dans la paracha précédente qui a également ri quand Hachem lui annonce qu'il va avoir un fils et qu'il devra le nommer Isaac (traduction de Isaac: il rira).

La deuxième fois à la naissance d'Isaac. Sara dit: "Hachem m'a fait un rire, quiconque entendra me rira". Rachi explique qu'il faut comprendre "me rira" par "se réjouira". A ce sujet le midrash explique que de nombreuses femmes stériles ont été enceintes en même temps qu'elle, que beaucoup de malades ont été guéris ce jour là et qu'il y a eu une grande joie dans le monde. Il s'agit ici d'un rire de reconnaissance envers Hachem, un rire de Emouna.

La troisième fois au moment de la fête donnée pour le sevrage de Isaac à 24 mois. "Sara vit le fils de Hagar l'égyptienne qu'elle enfanta à Abraham rire (se moquer)". Pour ce rire Sara demande à Abraham de renvoyer Ichmael et Agar. Qu'a vu Sara dans ce rire qui justifie sa demande ? Rachi répond à cette question en précisant que ce rire évoque l'idolâtrie, l'immoralité et le meurtre.

Nous comprenons de ces différents rires (d'incrédulité, de reconnaissance ou de raillerie) que le rire n'est jamais anodin mais qu'il est au contraire porteur d'un message et qu'il exprime une pensée profonde. Il peut exprimer un sentiment positif ou négatif.

Dans la guemara Berakhot 30b31a il est écrit: plusieurs événements sont relatés où les Rabbanim se laissent aller à une joie excessive et sont rappelés à plus de modération. On rapport l'histoire du Rav Achi qui organisa un festin de noces pour son fils au cours duquel il remarqua que les sages se réjouissaient excessivement. Il apporta alors une coupe en verre blanc et la cassa en leur présence. Ils furent attristés. Nous voyons donc ici que le rire porte en lui le danger de s'oublier ou la recherche de frivolités et pourrait entrainer de rejeter le joug divin. Pourtant Hachem demande à Abraham de nommer son fils Isaac "il rira".

Dans le futur certains disent quand le temple sera reconstruit nous pourrons rire d'une joie complète pour la gloire d'Hachem. En attendant vivons "be simha" avec une petite retenue car nous avons une promesse que bientôt notre joie sera entière.

Chabbat chalom